Pour le Meilleur et pour le Pire – Épisode 12

Publiée le 14/05/2023 FNE Occitanie-Pyrénées

Chaque deuxième dimanche du mois, retrouvez « Pour le Meilleur et pour le Pire », un feuilleton sur l’amour et la violence à l’égard de la nature. Sur Sentinelles de la nature, vous nous signalez des dégradations et initiatives favorables à l’environnement, ici nous vous présenterons alternativement le plus déplorable et celui le plus inspirant.

Le retour du castor dans le bassin Adour-Garonne, c’est l’objectif que s’est fixé le « Réseau Castor ». Nous souhaitons aujourd’hui vous faire partager cette initiative favorable aux milieux et à la biodiversité qui est en bonne voie sur certains territoires : focus sur le Tarn et l’Ariège.

Le castor d’Europe, une espèce protégée et clé de voûte

Le castor d’Europe est le plus gros rongeur d’Europe. Il s’agit d’une espèce dite « clé de voûte ». C’est-à-dire qu’il est caractérisé par la qualité, le nombre et l’importance des liens qu’il entretient avec son habitat et les autres espèces (on a pu voir notamment le retour du brochet sur des cours d’eau où le castor était présent).

Grâce à sa présence, il favorise, entretient les milieux et contribue à la restauration de la biodiversité dans lequel il vit. Par exemple, les lacs de barrages de castor permettent de créer un espace avec peu voire pas de courant, de nombreuses cachettes et beaucoup de nourriture, environnement idéal pour être une nurserie pour de nombreuses espèces.

Le castor était présent sur la quasi-totalité des cours d’eau de France métropolitaine avant d’être chassé pour sa viande, sa fourrure et le castoréum (utilisé en parfumerie et médecine). Il a quasiment disparu au 19ème siècle, avant d’être classé comme espèce protégée dans le Vaucluse, les Bouches-du-Rhône et le Gard puis dans les autres territoires français, au début du 20ème siècle.

Depuis la fin des années 70, il est de retour sur le bassin Adour Garonne grâce à une réintroduction dans les Cévennes en 1977. Au fil des ans il s’est reproduit et les individus se sont déplacés le long des cours d’eau jusqu’à arriver dans la région de Montauban où il a été observé l’année passée.

L’action de l’Office Français de la Biodiversité (OFB) en faveur de la protection du castor

L’Office Français de la Biodiversité (OFB) a mis en place le Réseau Castor en 1987. Cette initiative permet de suivre et de contribuer à ces réintroductions en France. Pour cela, des suivis annuels sont effectués sur les cours d’eau colonisés afin de relever la présence ou non de castor sur le terrain. Des traces de présences sont relevées telles que des traces de pas, des arbres rongés ou coupés, des barrages ou des terriers huttes.

Empreintes de pattes avant (à gauche et au milieu en haut) et arrière (à droite) d’un castor. Pour comparaison, les empreintes d’un chien (au centre).5 sur 8 http://www.cscf.ch/cscf/home/biberfachstelle/biberspuren-erkennen/trittsiegelspur.html
Empreintes de pattes avant (à gauche et au milieu en haut) et arrière (à droite) d’un castor. Pour comparaison, les empreintes d’un chien (au centre).

Le Réseau Castor effectue également de la sensibilisation sur le retour du castor auprès des personnes ayant subi des dommages sur leurs activités (arbres abattus, cultures mangées comme des fruits ou encore du maïs, inondations de terres). L’objectif est une meilleure acceptation et gestion du retour du castor sur les cours d’eau qui représente un réel intérêt pour la diversité des milieux aquatiques et la biodiversité en général. Des suivis de l’espèce sont réalisés en hiver. Des équipes de OFB naviguent sur les cours d’eau. Sur le Tarn, les équipes d’Albi et de Montauban réalisent ce travail pour suivre l’évolution de la colonisation du castor.

L’action des associations de protection de la nature et de l’environnement en faveur du castor

Un projet de réintroduction du castor est également envisagé en Ariège. Aujourd’hui des personnes issues d’associations de protection de la nature d’Ariège telles que le Comité écologique ariégeois (CEA), le Chabot et l’Association pour la Protection des Animaux Sauvages (ASPAS) s’organisent pour favoriser la réintroduction du castor sur quelques cours d’eau en Ariège. Des études sur les cours d’eau d’Ariège et leur ripisylve sont organisées permettant d’estimer les endroits favorables pour le retour du castor. Une étude auprès des acteur.ices locaux est également réalisée afin de créer un accompagnement adapté à ce retour.