Le retour progressif du Castor en Midi-Pyrénées

Description

Le castor d’Europe est un mammifère mesurant de 1 mètre à 1 mètre 20 (queue incluse) et pesant jusqu’à 30kg. Il s’agit du plus gros rongeur d’Europe. C’est un animal semi-aquatique possédant une grande agilité dans l’eau grâce notamment à sa queue plate et ses pattes palmées. Il est végétarien, il se nourrit de 2kg de matière végétale et 700g d'écorce par jour (plantes herbacées terrestres, macrophytes aquatiques, feuilles, rameaux, fruits de verger, écorce de bois tendre (saules, peupliers), bourgeons de buissons et branches). Le castor vit avec un.e partenaire durant toute sa vie et avec qui ils se reproduisent tous les ans. Ils vivent dans des terriers huttes composés de terre et de branchages dont l'’entrée doit rester immergé pour garantir la sécurité de la famille. Pour réaliser ces constructions et pour se nourrir, il possède des incisives aiguisées lui permettant de ronger des arbres jusqu’à 8 cm de diamètre.

Le castor est une espèce dite « clé de voûte ». C’est-à-dire qu’il est caractérisé par la qualité, le nombre et l’importance des liens qu’il entretient avec son habitat et les autres espèces (on a pu voir notamment le retour du brochet sur des cours d’eau où le castor était présent). Grâce à sa présence, il favorise, entretient les milieux et contribue à la restauration de la biodiversité dans lequel il vit. Par exemple, les lacs de barrages de castor permettent de créer un espace avec peu voire pas de courant, de nombreuses cachettes et beaucoup de nourriture, environnement idéal pour être une nurserie pour de nombreuses espèces. Le retour du castor permettrait également d’aider à la gestion de l’eau en réduisant le risque de sècheresses ou de crues. On peut voir notamment que lorsque le castor construit un barrage celui-ci restitue doucement l’eau permettant de soutenir un débit minimum dans le cours d’eau, atténuant ainsi les conséquences de l'étiage et de la sécheresse.

Le castor est un animal historiquement présent en Europe (des fossiles de castor identiques au castor actuel ont été retrouvé datant de deux millions d’années). Il était présent sur la quasi-totalité des cours d’eau de France métropolitaine avant d’être chassé pour sa viande, sa fourrure et le castoréum (utilisé en parfumerie et médecine). Il a été classé nuisible au 16ème siècle à la suite de ses actions de modification de son habitat ce qui a engendré des dommages sur les activités humaines. Cela a favorisé sa quasi-disparition au 19ème siècle . Il ne restait alors qu’une trentaine d’individu dans le Rhône. C'est à partir de 1909 qu'il a été classé comme espèce protégée dans le Vaucluse, les Bouches-du-Rhône et le Gard puis dans les autres territoires français. Il a été réintroduit dans plusieurs régions de France et d’Europe. Depuis la fin des années 70, il est de retour sur le bassin Adour Garonne grâce à une réintroduction dans les Cévennes en 1977 (http://www.parcsnationaux.fr/fr/des-connaissances/biodiversite/faune-emblematique/les-mammiferes/le-castor-deurope). Au fil des ans il s’est reproduit et les individus se sont déplacés le long des cours d’eau jusqu’à arriver dans la région de Montauban où il a été observé l’année passée. Aujourd’hui il est présent dans 50 départements français.

L’Office Français de la Biodiversité (OFB) a mis en place le Réseau Castor en 1987. Cette initiative permet de suivre et de contribuer à ces réintroductions en France. Pour cela, des suivis annuels sont effectués sur les cours d’eau colonisés afin de relever la présence ou non de castor sur le terrain. Des traces de présences sont relevées telles que des traces de pas, des arbres rongés ou coupés, des barrages ou des terriers huttes .Le Réseau Castor effectue également de la sensibilisation sur le retour du castor auprès des personnes ayant subi des dommages sur leurs activités (arbres abattus, cultures mangées comme des fruits ou encore du maïs, inondations de terres). L’objectif est une meilleure acceptation et gestion du retour du castor sur les cours d’eau qui représente un réel intérêt pour la diversité des milieux aquatiques et la biodiversité en général. Des suivis de l’espèce sont réalisés en hiver. Des équipes de OFB naviguent sur les cours d’eau. Sur le Tarn, les équipes d’Albi et de Montauban réalisent ce travail pour suivre l’évolution de la colonisation du castor.

Un projet de réintroduction du castor est également envisagé en Ariège. Aujourd’hui des personnes issues d’associations de protection de la nature d’Ariège telles que le Comité écologique ariégeois (CEA), le Chabot et l’Association pour la protection des animaux sauvages (ASPAS) s’organisent pour favoriser la réintroduction du castor sur quelques cours d’eau en Ariège. Des études sur les cours d’eau d’Ariège et leur ripisylve sont organisées permettant d’estimer les endroits favorables pour le retour du castor. Une étude auprès des acteur.ices locaux est également réalisée afin de créer un accompagnement adapté à ce retour. Pour en savoir plus sur ce projet : https://www.fne-midipyrenees.fr/2021/07/29/le-comite-ecologique-ariegeois-cea-en-action-en-2020/

Sources :
Reportage : Le cas du Castor, Basile Gerbaud · 52 min · 2019 (France)
Fiche castor d’Europe OFB : https://professionnels.ofb.fr/fr/doc-fiches-especes/castor-deurope-castor-fiber
Réseau Castor OFB : https://professionnels.ofb.fr/fr/reseau-castor
Histoire du castor : https://journals.openedition.org/trajectoires/1130#tocto2n2
https://www.nationalgeographic.fr/animaux/2022/12/le-castor-fait-son-grand-retour-sur-le-sol-francais
Castor dans le Tarn : http://www.tarn-aval.com/medias/files/colonisation-castor-france.pdf
Rapport d’étude de continuité écologique du castor et de la loutre (Plan Loire Grandeur Nature)

Dernière mise à jour le 11 mai 2023